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Organisation - Henri Mintzberg
vendredi 21 mars 2003
De l’Organisation - Henri Mintzberg
Les Éditions d’organisation, Paris.
1994, Structure et dynamique des organisations, Les Éditions d’organisation, Paris
H. Mintzberg définit la structure d’une organisation comme :
"la somme totale des moyens employés pour diviser le travail entre tâches distinctes pour ensuite assurer la coordination nécessaire entre ces tâches".
- 1986, Le pouvoir dans les organisations, Les Éditions d’organisation, Paris.
- 1994, Structure et dynamique des organisations, Les Éditions d’organisation, Paris.
1. Les mécanismes de coordination
Cinq mécanismes expliquent les moyens fondamentaux par lesquels les organisations coordonnent leur travail :
- l’ajustement mutuel : coordination du travail par simple communication informelle,
- la supervision directe : mécanisme de coordination par lequel une personne se trouve investie de la responsabilité du travail des autres,
- la standardisation des procédés : le contenu du travail est spécifié ou programmé (ex : mode d’emploi, gamme de fabrication),
- la standardisation des résultats : par exemple, spécification des dimensions du produit ou de la performance à atteindre,
- la standardisation des qualifications : spécification de la formation de celui qui exécute le travail.
H. Mintzberg note qu’il existe une solution de continuité entre ces mécanismes.
Lorsque le travail accompli par l’organisation devient plus complexe, on passe de l’ajustement à la supervision directe, puis à la standardisation, pour revenir au point de départ.
L’ajustement mutuel, naturel dans les situations simples, est inévitable dans les situations très difficiles.
2. Le fonctionnement de l’organisation
Pour comprendre la façon dont les organisations se structurent, il faut en expliquer leur fonctionnement, c’est à dire :
- les éléments qui en font partie,
- les liens qui unissent ces éléments.
- Les éléments de base de l’organisation
Les organisations sont composées de cinq éléments :
- le centre opérationnel
Il rassemble les membres de l’organisation (opérateurs) dont le travail est directement lié à la production des biens et des services.
Le centre opérationnel procure les entrées nécessaires à la production, fabrique et distribue les produits, assure la maintenance. - le sommet stratégique
Sa fonction est de faire en sorte que l’organisation remplisse sa mission de façon efficace et qu’elle serve les besoins de ceux qui la contrôlent ou qui ont sur elle du pouvoir (propriétaires, administrations, etc...).
Il exerce des fonctions de supervision directe : allocation des ressources, règlement des conflits, contrôle, diffusion de l’information, leadership.
Il est également chargé de la gestion des conditions de frontière de l’organisation et de ses relations avec l’environnement (contacts à haut niveau, négociation, etc.).
Enfin, il doit développer la stratégie de l’organisation. - la ligne hiérarchique
C’est la ligne d’autorité, composée de cadres, contremaîtres, etc., qui joint le sommet stratégique au centre opérationnel. Chaque membre de la chaîne hiérarchique accomplit, à son niveau, le travail du sommet hiérarchique. - la technostructure
Elle est composée d’analystes, chargés de la conception et de l’adaptation de la structure, qui agissent sur le flux de travail par le biais de la standardisation :
Les hommes des méthodes standardisent le travail.
Les hommes de la planification et du contrôle standardisent les résultats.
Les hommes du personnel standardisent les qualifications. - les unités fonctionnelles logistiques
Il s’agit des unités spécialisées qui ont une fonction particulière à remplir : recherche, contentieux, relations publiques, etc.
Elles interviennent indirectement dans le flux du travail.
- Les flux
Les cinq éléments de base sont reliés entre eux par des flux variés et complexes (autorité, matériels, communication, etc.) ; l’organisation peut être considérée comme : - un système d’autorité formelle
Ce système correspond à l’organigramme de l’entreprise, il utilise la supervision directe comme mécanisme de coordination. - un système de flux régulés
Trois flux standardisés correspondent à ce système :
- un flux opératoire (entrées, transformations, sorties),
- un flux de contrôle ascendant (informations) et descendant (décisions),
- un flux horizontal d’informations fonctionnelles.
- un système de communications informelles
Des réseaux de communications informelles complètent et parfois court-circuitent les canaux régulés d’information et de décision. On les décrit au moyen d’un sociogramme. - un système de constellations de travaux
Dans les organisations, les individus ont tendance à travailler au sein de petits groupes de pairs ou coteries constitués sur des bases horizontales. L’ensemble de ces coteries forme une constellation de travaux. - un système de processus de décision ad hoc
Différents processus de décision peuvent être mis en évidence dans l’organisation, en particulier :
- les processus programmés (ou de routine) qui correspondent à des décisions régulières et très standardisées,
- les processus non programmés (ad hoc), mis en oeuvre à intervalles réguliers, pour résoudre des problèmes peu structurés.
Chacun de ces cinq systèmes donne une image partielle de fonctionnement de l’entreprise. On ne peut donc commencer à comprendre comment une organisation fonctionne qu’en considérant l’ensemble de ces flux.
3.Les paramètres de conception
La définition même de la structure de l’organisation fait référence aux moyens, formels et semi-formels, que les organisations utilisent pour diviser et coordonner leur travail de façon à créer des comportements stables.
H. Mintzberg distingue neuf moyens, ou paramètres de conception, qu’il répartit en quatre groupes.
Groupes | Paramètres de conception | Concepts associés |
Conception des postes | Spécialisation du travail Formalisation du comportement | Division de base du travail Standardisation du contenu du travail Système de flux régulés |
Formation et socialisation | Formalisation des qualifications | |
Conception de la superstructure | Regroupement en unités | Supervision directe Division administrative du travail Système d’autorité formelle, de flux régulés, de communications informelles et de constellations de travaux |
Taille des unités | Organigramme Système de communication informelle Supervision directe Surface de contrôle | |
Conception des liens latéraux | Système de planification et de contrôle | Standardisation des productions Système de flux régulés |
Mécanisme de liaison | Ajustement mutuel Système de communication informelle, de constellations de travaux et de processus de décision ad hoc | |
Conception du système de prise de décision | Décentralisation verticale | Division administrative du travail Système d’autorité formelle, de flux régulés, de constellations de travaux et de processus de décision ad hoc |
Décentralisation horizontale | Division administrative du travail Système de communication informelle, de constellations de travaux, et de processus de décision ad hoc |
4. Les facteurs de contingence
Les structures des organisations résultent de la combinaison des neuf paramètres de conception précédemment décrits.
Un certain nombre de conditions ou facteurs de contingence agissent sur ces paramètres, en particulier :
- l’âge
- la taille de l’organisation,
- le système technique,
- l’environnement,
- les relations de pouvoir.
L’âge et la taille
- Plus une organisation est âgée, plus son comportement est formalisé.
- La structure de l’organisation reflète l’âge de la fondation de son activité.
- Plus une organisation est de grande taille, plus sa structure est élaborée : plus les tâches y sont spécialisées, plus ses unités sont différenciées, et plus sa composante administrative est développée.
- Plus l’organisation est grande, plus la taille moyenne des unités est grande.
- Plus l’organisation est grande, plus elle est formalisée.
Le système technique
- Plus le système technique est régulé, plus le travail opérationnel est formalisé et plus le centre opérationnel est bureaucratique.
- Plus le système technique est sophistiqué, plus la structure administrative est élaborée ; de façon précise, plus les fonctionnels logistiques sont nombreux et qualifiés, plus s’opère à leur bénéfice une décentralisation sélective et plus l’organisation utilise de mécanismes de liaison pour coordonner leur travail.
- L’automation du centre opérationnel transforme la structure administrative de bureaucratie en structure organique.
L’environnement
- Plus l’environnement est dynamique et plus la structure est organique.
- Plus l’environnement est complexe et plus la structure est décentralisée.
- Plus l’organisation a des marchés diversifiés, plus elle a tendance à se scinder en unités organisées sur la base de ses marchés (dans la mesure où les économies d’échelle le permettent).
- Une hostilité extrême de son environnement amène toute organisation à centraliser sa structure de façon temporaire.
- S’il existe des disparités dans l’environnement, l’organisation est conduite à créer des constellations de travaux différenciées et à décentraliser de façon sélective vers ces constellations.
Le pouvoir
- Plus le contrôle externe qui s’exerce sur l’organisation est puissant, plus la structure de l’organisation est centralisée et formalisée.
- Le besoin de pouvoir des membres de l’organisation conduit les organisations à avoir des structures excessivement centralisées.
- Il existe en matière de structure (et de culture) une mode qui pousse les organisations à se mettre au goût du jour, même si ce n’est pas approprié pour l’organisation.
En s’appuyant sur les travaux de nombreux chercheurs, H. Mintzberg formule à propos de chacun de ces facteurs de contingence plusieurs hypothèses.
5. Les configurations structurelles
A partir de l’analyse de l’impact des facteurs de contingence sur les paramètres de conception, H. Mintzberg déduit que les divers éléments analysés (mécanismes de coordination, paramètres de conception et facteurs de contingence) tendent naturellement vers cinq types ou configurations structurelles.
Celles-ci constituent les cinq formes existantes parmi lesquelles on peut classer toutes les organisations :
- la structure simple
Caractéristiques : supervision directe, domination du sommet stratégique, centralisation horizontale et verticale. - la bureaucratie mécaniste
Caractéristiques : standardisation des procédés, domination de la technostructure, décentralisation horizontale et verticale (limitée). - la bureaucratie professionnelle
Caractéristiques : standardisation des qualifications, domination du centre opérationnel, décentralisation horizontale et verticale. - la forme divisionnelle
Caractéristiques : standardisation des produits, domination de la ligne hiérarchique, décentralisation verticale (limitée). - l’adhocratie
Caractéristiques : ajustement mutuel, domination des fonctions de support logistique, décentralisation sélective.
H. Mintzberg explique l’existence de ces cinq formes par la prédominance de l’un ou l’autre des éléments de base de l’organisation :
- le sommet stratégique pousse à la centralisation qui lui permet de conserver le contrôle sur les décisions,
- la technostructure pousse à la standardisation -notamment celle des procédés de travail, qui est la forme la plus puissante de standardisation- parce que la conception des standards est sa raison d’être,
- les membres du centre opérationnel cherchent à minimiser l’influence de l’encadrement et des analystes sur leur travail ; ils poussent donc à la décentralisation horizontale et verticale.
Les opérateurs exercent une pression en faveur du professionnalisme (recours à la formation) pour améliorer leurs compétences. - les cadres opérationnels recherchent également l’autonomie ; une décentralisation verticale limitée leur permet d’augmenter leur pouvoir aux dépends du sommet stratégique.
Ils poussent à la division de l’organisation en petites unités (balkanisation) dans lesquelles ils peuvent exercer un contrôle sur leur propres décisions.
- les fonctionnels du support logistique acquièrent de l’influence lorsque l’organisation a besoin de leur collaboration, ce qui arrive lorsque l’organisation est structurée en constellations de travaux qui coordonnent leurs activités par ajustement mutuel.
Messages
1. Mintzberg Question sur les taches, 28 septembre 2007, 20:30, par Bidule
Qu’est ce que cela veut dire exactement : "la somme totale des moyens employés pour diviser le travail entre tâches distinctes pour ensuite assurer la coordination nécessaire entre ces tâches". ?
1. Mintzberg Question sur les taches, 17 février 2008, 09:49, par un étudiant
Bon jour
J’ai un petit problème au niveau des éléments de bases de l’organisation.
Je ne sais pas ou il faut placer (le comptable + aide comptable). On les place dans support logistique ou dans la technostructure
+(assistance de direction). On les place dans sommet stratégique ou dans le centre opérationnel.
j’ai un examen dans 15 jours ,
répond moi s’il vous plait
2. Mintzberg Question sur les taches, 13 mars 2010, 22:37, par soufiane
bn voila pour résumé : technostructure
3. Mintzberg Question sur les taches, 17 octobre 2010, 15:44
Le comptable et toute la structure comptabilité et finance sont placés dans la technostructure de l’organisation .
4. Mintzberg Question sur les taches, 4 mars 2011, 22:31
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Bonjour,
en reponse a ta question les services de comptable et aide comptable se retrouve dans les fonctions de support logistique.
L’assistante a la direction est ou a gauche ou a droite en dessous de la direction, situe dans le sommet strategique.
Dans le centre operationnel tu trouves les responsables les personnes qui vont accomplir la mission dans leur travail au quotidien. Ici tu retrouveras des cadre de premier niveau ou agent de maitrises qui supervisent et controlent les operations courantes.
J’espere que cela t’aidera.
Lyne
5. Mintzberg Question sur les taches, 8 avril 2011, 12:20, par idir
la somme toatale des moyens est l’intervention de l’intelligence humaine pour faciliter le circulation de l’information à l’interieur de l’oragnisation
2. Mintzberg et l’ajustement mutuel, 28 septembre 2007, 20:33, par Bidule
Qu’est-ce que vous entendez par :
H. Mintzberg note qu’il existe une solution de continuité entre ces mécanismes. Lorsque le travail accompli par l’organisation devient plus complexe, on passe de l’ajustement à la supervision directe, puis à la standardisation, pour revenir au point de départ. L’ajustement mutuel, naturel dans les situations simples, est inévitable dans les situations très difficiles.
Est-ce que de toute façon il doit passer par l’ajustement mutuel et que les autres mécanismes sont inclus dans l’ajustement mutuel ?
1. Mintzberg et l’ajustement mutuel, 26 février 2008, 20:19, par Thierry PACE
Je ne sais pas qui a écrit ce que vous citez cher bidule. Cependant, je risque ma réponse.
Chacun des 5 mécanismes de coordination que cite Mintzberg est distinct des autres. L’ajustement mutuel a ceci de particulier qu’il est utilisé plus souvent que les autres. C’est le plus souple des 5, celui qui demande le moins de préparation pour être mis en oeuvre, celui qui est le plus spontané.
C’est aussi celui qui permet à des experts, enfermés dans leurs spécialités et, de ce fait, isolé des autres qui sont des profanes, de mettre leur science en commun pour que chacun en bénéficie.
Aujourd’hui l’entreprise a professionnalisé chacun de ses métiers pour gagner en compétitivité. L’ajustement mutuel est le mécanisme qui va permettre la mise en commun seule voie pour réaliser l’objet de l’entreprise dans des conditions économiques satisfaisantes.
La seule technique ne permet pas d’arriver au résultat attendu.
Je trouve cela rassurant : il y a encore une place pour l’humain ... A condition qu’il soit performant techniquement et en matière de communication.
3. Flux structure organisationnelle Mintzberg, 6 juin 2010, 21:14, par Marcel YELETE
Qu’est ce qu’un flux régulé dans une structure organisationnelle ?
1. Les flux Henri Mintzberg , 7 juin 2010, 11:08, par km
Un flux régulé correspond à la circulation des informations montantes et descendantes dans une organisation entre une hiérarchie et les exécutants, entre des fonctionnels et des opérationnels
On distingue ainsi
Le flux de travail opérationnel (ordre, exécution)
Le flux des informations et des décisions de contrôle (planification, performance)
Le flux des informations fonctionnelles
4. Organisation dynamique et structure statique Mintzberg , 12 juillet 2010, 23:43, par tokyo
pourquoi dit on qu’une organisation est dynamique et une structure est statique
1. Cadre et adaptation des organisations - Mintzberg , 13 juillet 2010, 23:45, par km
Bonjour
La structure est statique en ce sens qu’elle représente un cadre à l’organisation et ne change pas, ou très peu.
L’organisation est dynamique en ce sens qu’elle évolue, s’adapte aux évolutions.
2. Concept de strcuture - Mintzberg , 12 septembre 2010, 11:23, par sylvie
l’organisation est un concept qui s’aborde par sa structure. L’organisation n’existe pas sans elle. La structure en fonde les grands principes et se doit d’être stable. Contrairement à l’organisation qui, pour pour aller de l’avant et se fodre dans son environnement, doit être en mouvance et pouvoir s’adapter.
3. Organisme humain - Mintzberg , 8 avril 2011, 12:25, par idir
l’exemple le plus connus est l’organisme humain sa structure est statique, exemple les mains les pieds la tete le thorax mais son organisation est dynamique le traitement des flux (circulation du sang les sentiments etc. ;.... ;
5. analyse des organisations et typologie - Mintzberg , 5 mai 2011, 12:58
sur qels éléments d’analyse des organisations Mintzberg fonde-t-il sa typologie ?